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Articles de Libération du 29 avril 2003 par François MUSSEAU |
リベラシオン紙 2003年4月29日掲載記事 マドリード、フランソワ・ミュソー特派員 |
Espagne. Un pays vieillissant aux enfants absents |
スペイン、子ども不在の老いる国家 |
Indifférence face à une natalité minimale. |
最低出生率に無関心 |
Jusqu'alors, Raquel Sanchez n'avait jamais pensé avoir d'enfant. Sa liberté et sa carrière ont toujours été ses priorités. Mais, aujourd'hui, après «des années de vagabondages affectifs et professionnels», sa situation a changé. A 33 ans, elle a été promue programmatrice culturelle dans une célèbre institution madrilène, un emploi plutôt bien rémunéré (2 000 euros mensuels). Quant à la relation avec son fiancé, «c'est une chose sérieuse». Aussi, dit Raquel,«outre l'horloge biologique, toutes les conditions sont réunies pour que je devienne mère». Le hic, c'est son statut de free lance. «Dès qu'on verra mon ventre bombé, je suis sûre d'être foutue à la porte. On invoquera des raisons professionnelles, et hop, du balai.» Résultat : l'enfant désiré est reporté aux calendes grecques. Dilemme. Une bonne partie des Espagnoles en âge de procréer sont confrontées à ce dilemme. Etre mère ou faire carrière. De fait, «la maternité est perçue comme une menace dans le monde du travail, s'insurge José Ramon Losana, président de la Fédération des familles nombreuses (FEFN). Toute mère potentielle est discriminée». Opinion partagée par Micaela Navarro, responsable socialiste pour la question de la femme : «Au travail comme à la maison, toute la responsabilité repose sur la mère, jamais sur le père.» A cela s'ajoutent des obstacles matériels : les écoles maternelles et crèches publiques sont pleines. Les garderies privées coûtent cher : entre 300 et 500 euros mensuels dans le centre de Madrid, soit près de la moitié d'un bas salaire. Et les pouvoirs publics s'en inquiètent peu. Depuis janvier, 100 euros mensuels sont alloués aux mères d'enfants de moins de trois ans, à la condition que les intéressées aient un emploi. D'après la FEFN, pour recevoir les mêmes aides qu'une famille allemande ayant deux enfants, une famille espagnole a besoin d'avoir 11 enfants et des revenus annuels inférieurs à 9 000 euros. Pour le reste, l'enfant est aussi absent dans les jardins publics que dans le discours officiel. Maternité méprisée. Consciemment ou non, le passé conservateur de l'Espagne ne joue pas en faveur des naissances. Une mère trentenaire le dit ainsi : «Lorsque j'ai parlé d'avoir un deuxième enfant, mon entourage m'a pris pour une folle. On me disait : "Tu veux vraiment être enchaînée toute ta vie ?"» La maternité continue d'être méprisée massivement admet Ramon Losana : «J'y vois aussi une forme de commodité matérielle. Ça signifie renoncer à leurs deux voitures, leurs virées nocturnes le week-end, leurs vacances...» En attendant, le taux de natalité (1,2) en Espagne est l'un des plus bas de la planète. S'il a augmenté d'une décimale depuis 2001, c'est uniquement grâce aux immigrantes du Maroc, d'Equateur ou de Colombie. La comparaison avec les années 70, lorsque le pays dirigé par Franco connaissait le taux de natalité le plus élevé d'Europe, derrière l'Irlande, donne le vertige. Au rythme actuel, l'Espagne sera, selon l'ONU, le plus vieux pays du monde en 2050. |
今までラケル・サンチェスは、いつか子どもを生もうなどと考えたこともなかった。自由とキャリアがずっと最優先だったからだ。が今日、何年ものロマンスとキャリアの放浪の末、状況は変わった。33歳にしてマドリッドで名の通った文化施設のイベントコーディネーターに昇進した。給料は月2000ユーロ、悪くない仕事だ。婚約者との関係は「すごく真面目な付き合い」と語る。「生物学的なタイムリミットも含めて、私が母親になるためのすべての条件が揃っている」とも言う。問題は彼女のフリーランスという身分だ。「私のお腹が出て来たら、すぐに追い払われるに決まってる。もちろん仕事上の理由を付けてね」。結果として、出産は無期延期。 ジレンマ 軽視された出産 今のところ、スペインの出生率1,2というのは、世界でも最低だ。2001年以降0,1%だけ上昇したのは、モロッコ、エクアドル、コロンビアなどの移民の影響である。70年代フランコ統治下にはアイルランドに次いでヨーロッパで最も高い出生率を誇っていたのが嘘のようだ。このままだとスペインは2050年には世界一の年寄り大国になると国連が示唆する。 |
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