1 2 3 4 5  
other > traduction (du français vers le japonais) > articles de Libération > France

Articles de Libération du 29 avril 2003 par Blandine GROSJEAN
http://www.liberation.fr/evenement/0101472317-femme-et-mere-la-double-vie-des-francaises

リベラシオン紙 2003年4月29日掲載記事 ブランディンヌ・グロジョン記者

Concilier travail et maternité : la Conférence de la famille qui se tient aujourd'hui, s'inscrit dans l'exception française

仕事と家庭の両立:本日開催される家庭問題協議会はフランスの特異性を顕著に表している。

Femme et mère, la double vie des Françaises

女性と母性、フランス・マダムたちの二重生活

"Modèle d'indépendance", le système français favorise une natalité élevée.

『模範的な女性の自立』、仏社会制度が高出生率助ける

C'est la meilleure nouvelle de la Conférence de la famille qui se tient aujourd'hui : il n'y a pas d'argent pour financer le salaire maternel dont rêvait le candidat Chirac sous le nom d'«allocation de libre choix». Les mesures que présente aujourd'hui Christian Jacob, ministre délégué à la Famille (lire ci-dessous) respectent une tradition hexagonale : le modèle français, qui allie les plus forts taux de natalité d'Europe et d'activité des mères de jeunes enfants, «modèle d'indépendance féminine» selon le sociologue François de Singly, ne sera pas remis en cause. N'en déplaise à certains idéologues qui militent pour la présence de la mère près de l'enfant jusqu'à ses trois ans (1), le gouvernement Raffarin est bien obligé de prendre acte de cette volonté farouche et typiquement hexagonale de cumuler vie professionnelle et vie familiale. La différence entre la Française et ses voisines européennes est qu'«elle peut faire des enfants en continuant de travailler et c'est pour cette raison qu'elle fait des enfants», résume Claude Martin, directeur de recher ches au CNRS. «En Europe, l'attitude des mères se répète partout, simple et sans appel : si la vie quotidienne est trop compliquée et si l'injonction de rester à la maison est trop forte, les femmes restreignent le nombre de naissances pour se maintenir à tout prix dans l'emploi», explique Jeanne Fagnani dans Un travail et des enfants (Bayard).

Rempart contre les incertitudes. Depuis la fin des années 70, tous les gouvernements ont adapté leur politique familiale à un phénomène perçu comme irréversible : pour la majorité des Françaises, écrit la sociologue Dominique Méda, «la maternité est un pôle structurant de leur identité mais elles n'entendent pas tout y sacrifier». Leur autonomie financière en premier lieu, rempart contre les incertitudes amoureuses, et, pour celles qui sont diplômées, leur carrière.

La société française a forgé un compromis entre son obsession de la natalité et un mouvement d'émancipation féminine qui passe depuis les années 60 par la réussite scolaire des filles et la valorisation de leurs diplômes sur le marché du travail. En Espagne et en Italie, cette émancipation des femmes, plus récente, s'est traduite par un effondrement de la fécondité (1,2 enfant par fem me) qui n'a pas l'air de soucier les politiques. En Suède, où les gouvernements militent pour l'égalité des sexes, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, le taux d'activité des fem mes est plus élevé qu'en France mais celles-ci sont obligées, le plus souvent, de travailler à temps partiel, soit parce que les structures de garde font défaut, soit parce que les normes culturelles les poussent à limiter leur investissement professionnel en faveur de leur famille. Résultat: partout ailleurs qu'en France, le taux d'infécondité (nom bre de femmes qui n'ont pas d'enfant) a grimpé, atteignant par exemple 23,7 % de la génération d'Allemandes nées en 1960 (14 % en France). L'Allemagne pratique pourtant une politique d'aide financière et fiscale aux familles extrêmement généreuse. Mais elle n'a pas développé de structures d'accueil publiques pour les petits et, surtout, on y encourage le modèle de la femme au foyer, véritable repoussoir pour certaines (lire ci-contre). En revanche, selon France Prioux, de l'Ined, «la société française ne culpabilise pas les mères qui travaillent» et le modèle de la mère au foyer s'est dévalorisé socialement.

L'exception française reste mystérieuse et rétive aux simplifications. Le natalisme, né après la défaite de 1870 que les nationalistes ont attribué à la faiblesse démographique de la France, s'est en partie déconnecté dans les années 60 du modèle de la mère au foyer et de ses relents réactionnaires. Le féminisme français, d'Antoinette Fouque à Sylviane Agacinski, a glorifié la maternité. Depuis les années 70, et singulièrement sous la présidence de Giscard d'Estaing, la France s'est lancée dans une politique familiale et féministe volontariste. Pour développer le secteur tertiaire, on a puisé chez les mères la nouvelle main-d'oeu vre qualifiée nécessaire. L'Etat a donc investi dans des modes de garde collectifs, la maternelle notamment ­ autre spécificité française ­ tout en soutenant financièrement les familles.

Facilité. «Cette politique a eu une grande portée symbolique. Elle a renforcé la légitimité des jeunes mères à travailler», explique Jeanne Fagnani. Le taux d'activité de ces femmes n'a, depuis, jamais cessé d'augmenter. 80 % de celles qui ont un seul enfant de moins de trois ans travaillaient en 2000, elles n'étaient que 77 % cinq ans plus tôt. C'est d'ailleurs en France que le passage au troisième enfant est le plus fréquent. Parallèlement, le taux d'activité de ces mères (dont l'un des trois enfants a au moins 3 ans) est passé de 32 à 36 % ces cinq dernières années. La France, note la chercheuse Mariette Sineau, «admet la légitimité de l'Etat à intervenir dans l'éducation des jeunes enfants», au contraire du Royaume-Uni qui considère qu'il s'agit d'une affaire privée.

Les naissances hors mariage, une autre spécificité française (43,7 % des naissances), expliquent peut-être cette relative facilité à s'engager dans la maternité : «Avoir un enfant ne signifie pas forcément s'engager dans un mode de vie typé, ne conduit pas comme dans d'autres pays à s'arrêter de travailler pendant six ans», constate le démographe Laurent Toulemon. François de Singly décrypte : «La Française s'inscrit dans un modèle où l'arrivée de l'enfant ne signifie pas un changement d'identité. Elle est mère, mais entend bien garder son capital scolaire et professionnel, son capital de séduction : elle considère qu'elle peut jouer avec l'ensemble de ses potentiels et a droit, éventuellement, à une autre vie.»

Si les politiques de gauche ont eu la prétention de mener une politique «féministe» en favorisant l'activité des femmes, ceux de droi te l'ont conduite sans le savoir, ou sans le dire. «Ouvrir des cantines, financer la maternelle dès deux ans, donner les mêmes droits aux enfants naturels et légitimes, soutenir les familles monoparentales parce qu'il vaut mieux avoir un enfant seule que pas d'enfant du tout, n'a pas été connoté comme une déstabilisation de la famille traditionnelle. Cela a pourtant permis l'émer gence de la famille moderne, mais sans combats idéologi ques», analyse François de Singly.

«Prouesses». La famille de deux enfants, élevés par des parents actifs, est devenue le modèle dominant. Celui de la mère harassée qui abat ses deux journées est une autre marque nationale. C'est le revers des «prouesses» des Françaises : hormis le congé paternité instauré en 2002, tout concourt à exclure les pè res de la problématique «conciliation de la vie familiale et professionnelle», à laquelle le gouvernement Raffarin n'a même pas l'hypocrisie de faire référence. La devise de la cadre française serait, selon Jeanne Fagnani, de «faire oublier qu'elle est mère sur son lieu de travail». Son luxe est aussi de travailler l'esprit tranquille lors qu'elle bénéficie des services d'une nounou à domicile, un privilège abordable grâce aux avantages fiscaux exorbitants inventés sous Balladur.

Avec l'instauration par ce gouvernement de l'allocation pour cessation d'activité dès le premier enfant, le fossé entre les mères va encore se creuser. C'est le second revers. D'un côté, celles qui n'ont aucun intérêt à interrompre leur activité parce qu'elles gagnent bien leur vie, celles qui trouvent de l'intérêt à leur métier, planifient leur grossesse, peuvent négocier avec leur conjoint le partage des tâches domestiques et décider de le quitter. Et, de l'autre, celles, qui, selon une étude du ministère des Affaires sociales de 2003, conjuguent «milieu modeste, mariage précoce, nombre d'enfants élevés, inactivité, risque de divorce pour faute, valorisation faible des retraites».

(1) La pédiatre Edwige Antier ­ qui se présente comme pédopsychiatre ­, élue UMP de Paris, conseillait Chirac lors de la présidentielle. Elle estime que les mères devraient rester auprès de leur enfant jusqu'à 3 ans et dénonce les modes de garde «collectivistes».

本日開催される家庭問題協議会での最朗報は、シラク候補が『自由選択手当』という名の下に夢見た、母親業への賃金支払い制度を実現するだけの予算がないということだ。家庭庁担当大臣クリスチャン・ジャコブが本日堤する対策はフランスの伝統を尊重している。すなわちヨーロッパ一の高出生率と、幼児をもつ母親の高就労率を結びつけるフランス型、社会学者フランソワ・ドゥ・サングリーが言うところの『模範的な女性の自立』が再び問題視されるわけではない。少なくとも3歳までは母親の手で育てられるべきだと主張する一部のイデオローグたちでさえも異議を唱えることはしない(1)、キャリアと家庭の両立というフランス人女性特有のこの意志の強さを、だからこそラファラン政権は支持せざるを得ない。仏人女性とヨーロッパ隣国女性との違いは、 働きながらでも子どもを生めるし、だからこそ子どもを生むことだと国立学術研究センター研究部長のクロード・マルタンは概略する。ヨーロッパ諸国の母親たちの嘆きはどこでも同じだ。子どもができて日常生活が煩雑になったり、専業主婦を推奨する風潮が強ければ、女性はなんとしても現職を維持しようと、出産数を減らすしかないと、ジャンヌ・ファニァニは著書『仕事と子ども』(バイヤー出版)の中で言説する。

不確かさゆえの備え
この現象が後戻りできないものであるが故に、70年代終わりから各政府が自らの政策に取り入れて来た。社会学者ドミニック・メデはこう語る。「大多数の仏人女性にとって、子どもを生むことが自らの人生において非常に重要な要素であるのは確かだが、子どもを生むことイコールすべてを犠牲にすることではない」。 第一に恋愛関係が不安定であるが故に、経済的自立が必要であり、高等教育を受けた女性たちにとっては純粋にキャリアを優先した結果の自立である。

60年代以降女子の学力が向上し、就職戦線での彼女らの学位の価値が見直されたことによる女性解放運動と、出生率への執着の狭間で、フランス社会は常に妥協を強いられて来た。スペインやイタリアでは、こうした女性解放運動が出生率の崩壊(女性一人当たり子ども1,2人)を招いたが、さほど政治家たちの頭を悩ませてはいないようだ。スエーデンでは政府が常に男女平等を唱え、イギリスやオランダでは女性の就業率がフランスよりも高い反面、保育システムの不足や、家庭優先でキャリア志向を制限される文化的背景によって、大半がパートタイムでの就労に甘んじている。結果、フランス以外の国では無産率(子どもがいない女性の比率)が急上昇し、例えば1960年生まれのドイツ人女性の23,7%(フランス人女性は14%)に達する。しかしながら、ドイツが行っている家庭への資金援助や税金対策は非常に気前のいいものである。その反対に、幼い子どもたちの託児システムを発展させず、特に専業主婦を奨励し、それが多くの女性の実質的な断念材料になっている(対面記事参照)。それに引き換えフランス社会では働く母親が罪悪感を抱かないし、専業主婦という立場が社会的に低く評価されるようになったと、国立人口問題研究所のフランス・プリウーは説く。

このようなフランスでの現象は、ヨーロッパ全体から見て例外的であり、理解するのは容易ではない。国粋主義者たちがフランスの人口減退を1870年の対プロシア戦争敗北のせいにしたが、産児奨励主義がその後誕生し、60年代には専業主婦という概念や、その正反対の概念が削ぎ落とされた。こうしてアントワネット・フクからシルビアンヌ・アガシンスキーまでのフランス女性解放運動は、出産を称賛して来た。70年代以降、特にジスカール・デスタン大統領時代に、フランスは家庭や女性解放運動を重んじた政策を展開し、第三次産業を発展させるため、有能な人材を子を持つ女性の中から見いだして来た。それゆえ国は数々の託児システム、特にフランスのもう一つの特徴である幼児の就学に尽力することで、家庭への経済的援助を行なって来た。

産み易さ
こうした政策は幼い子を持つ母親が働くことを正当化し、象徴としても大きなものをもたらしたとジャンヌ・ファニャーニは解説する。子を持つ女性の就労率は上昇し続けている。2000年、3歳以下の子どもが1人いる母親の80%が働いているが、5年前には77%でしかなかった。加えて、3人目の出産が最も多いのもフランスである。それに平行して、3人の子のうちの1人が3歳以上という母親の就労率は、この5年間で32%から36%に上昇した。フランスが「幼児教育への国の介入を正当化した」のに対して、イギリスではこれをプライベートな領域と見なしていると、研究者であるマリエット・シノーは特記する。

もうひとつのフランスの特徴である結婚外出産(全出産の43,7%)こそが、比較的容易に出産へ踏み出せる要因かもしれない。「子どもを生むことが必ずしも典型的なライフスタイルを強制されるわけではないし、他の国々のように6年間の休職を迫られるわけでもない」と、人口統計学者のロラン・トゥルモンは認識する。「フランス人女性にとって、出産が自身の存在価値の変化を意味するものではなく、母でありながら学業やキャリアを保ち、女性としての魅力までも維持しようとしている。すなわち自分の可能性をすべてひっくるめて勝負できると思っているし、場合によっては別の人生を選択することも視野に入れている」とフランソワ・ドゥ・サングリーは分析する。

左派政治家たちが女性のキャリアを重視した、女性解放運動的な政治を展開して来たと豪語するならば、右派政治家たちはそれを自覚せず、または公言することなく行なって来た。「給食を導入し、2歳からの幼稚園入園の資金援助をし、嫡出子と非嫡出子に同権利を与え、子どもは1人でも多い方がいいという理由から片親家庭を支援するという政策が、典型的家庭を動揺させる材料にはならなかったし、それによってイデオロギー論争なくして近代的な家族体系が出現し得た」とフランソワ・ドゥ・サングリーは分析する。

偉業
こうして仕事を持つ両親と子ども2人という家庭が主流となり、二重生活に追われ疲れきった母親の姿がもうひとつの国のシンボルとなり、それが仏人女性の『偉業』の舞台裏だ。すなわち、2002年に設立された父親休暇以外、『家庭とキャリの両立』という問題に父親は関与せず、それに対してラファラン政権は多少なりとも考慮するという姿勢さえも持ち合わせていないのだ。ジャンヌ・ファニャーニ曰く、仏人女性管理職のスローガンは「自分が母親であることを職場で忘れる」ことかもしれない。バラデュー政権下に考案された大幅な所得税軽減に伴い、自宅で保育ママさんに子どもを預かってもらうというシステムが手頃な値段で実現可能となり、安心して仕事ができるようになった。

同政権が導入した第一子からの休業手当によって、母親間の溝は一層深まるであろう。一方で、充分な給与を得ていたり、自身の職業に関心の高い女性たちは、パートナーと家事の分担を調整し、あるいは離別を決意しながら、計画的に出産し、もう一方では、2003年の社会省の調査によれば、下層階級、早婚、子沢山、無職、不貞による離婚の危機、低額年金に結びつく女性たちが存在する。

(1)小児科医のエドウィッジ・アンティエは、自称小児精神科医、国民連合運動所属のパリ市議会議員、シラク元大統領の選挙戦での相談役も務めた。彼女曰く、子どもが3歳になるまでは母親が面倒を見るべきであると、集団託児システムを批判している。

   

Une prestation unique pour les parents

親への唯一の手当

160 euros par mois minimum, modulable selon les cas.

最低160ユーロ、ケースバイケースで加算あり

De l'argent en plus (près d'un milliard d'euros sur trois ans), distribué en priorité aux classes «moyennes» : elles sont les seules bénéficiaires de la prime de 800 euros par naissance déjà perçue par 60 % des parents. Désormais, 80 % la percevront, les 20 % restants, les plus riches, en seront privés. Ségolène Royal a déja qualifiée cette prime d'«arnaque».

La Paje (Prestation d'accueil du jeune enfant) remplace les trois allocations existantes (APJE sous conditions de ressources, Aged pour l'emploi d'une nounou à domicile, AFEAMA pour la garde chez une assistante maternelle). Elle est constituée d'un socle de base de 160 euros mensuels jusqu'aux trois ans de l'enfant, pour les foyers dont les revenus ne dépassent pas les 4 100 euros mensuels. Ce socle sera complété par un versement modulable en fonction des revenus, du mode de garde et de la décision d'arrêter de travailler ou pas.L'union des familles en Europe dénonce un tour de passe-passe dont seront victimes les familles modestes qui touchent l'APJE.

Une allocation de cessation d'activité de 340 euros mensuels, cumulable avec les 160 euros de base, sera versée au parent d'un premier enfant qui arrête son activité professionnelle, à condition qu'il ait travaillé durant les deux années précédant la naissance. Cette allocation était jusqu'alors réservée aux parents (la mère dans 99 % des cas) d'un deuxième enfant qui pourraient se voir imposer les mêmes conditions de travail préalable pour en bénéficier.

すでに60%の親が受け取っている、1出産当たり800ユーロの補助金の唯一の受理者である中流家庭へ、優先的に支給されるまたもやの出費(3年間で10億ユーロ近く)だ。今後は80%の家庭がこの手当を受け取ることになり、残りの20%の裕福層だけが除外される。セゴレンヌ・ロワイヤルはこの手当を『詐欺』という。

この幼児受け入れ手当は現存の3つの手当:収入の高低によって支給される幼児手当、自宅で保育ママさんを雇うための自宅保育手当、保育ママさん宅に子どもを預ける保育ママさん雇用手当に取って代わる。この手当は、月収4100ユーロ以下の家庭へ、3歳まで月額160ユーロのベース額からなる。収入、保育方法、休職の有無などによって、このベース額に加算される。ヨーロッパ家族連合団体は、幼児手当を受け取っている貧困層が犠牲になる目くらましだと告発する。

160ユーロのベース額に加算可能な340ユーロの休職手当は、出産前の2年間働いた親が第一子誕生に伴い休職する場合に支給される。この手当は今までは第二子誕生に伴い休職する親(99%が母親)が前述の条件を満たしている場合に支給されていた。

 
 

© 2007 - 2012 All Rights reserved. degrade-transparent.com